L’entêtement
La troisième étape est cruciale car, depuis longtemps, nous agissons dans l’entêtement, en abusant de notre droit à faire des choix et à prendre des décisions. A quoi mène l’entêtement ? Cela conduit parfois au retrait complet, voire à l’isolement. Nous finissons par mener une existence très solitaire et complètement replié sur nous-mêmes. Parfois aussi, notre entêtement nous amène à agir sans autre préoccupation qu’obtenir ce que nous voulons. Nous ignorons les besoins et les sentiments des autres. Nous fonçons tête baissée, fuyant quiconque remet en question notre droit de faire ce qui nous plaît. Nous nous transformons en tornade, dévastant la vie de notre famille, de nos amis, et même celle de personnes qui nous sont étrangères. Nous sommes totalement inconscients de la destruction que nous laissons dans notre sillage. Si les choses ne sont pas à notre convenance, nous essayons de les changer par tous les moyens à notre disposition pour parvenir à nos fins. Nous essayons d’avoir raison à tout prix. Nous sommes si farouchement occupés à suivre nos impulsions que nous perdons tout contact avec notre conscience et avec une puissance supérieure. Pour travailler cette étape, chacun de nous a besoin d’identifier les domaines dans lesquels il agit par entêtement.
De quelle façon ai-je agi dans l’entêtement ? Quelles étaient mes raisons ?
Reproduire les mêmes erreurs en attendant des résultats différents est sans aucun doute le début de l’entêtement. L’entêtement doit pourtant être distingué de la pugnacité. Comment faire cette distinction ? La pugnacité reste la qualité de persévérer pour atteindre son objectif en dépit des entraves la ou l’entêtement est une perte de maîtrise.
Prenons un exemple concret de pugnacité. Reprendre mes études, pour enfin obtenir des diplômes, en est l’expression.
La pugnacité est la persévérance qui aboutit la ou l’entêtement est la persévérance qui échoue. Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en connaître la différence.
Prenons maintenant des exemples d’entêtement :
Je me suis par exemple entêté à croire que j’allais parvenir à gérer ma consommation de produit modifiant le comportement. Malgré les échecs successifs, je m’entêtais. Je n’ai pas pu envisager par moi-même l’abstinence totale. De la même manière, j’ai également pu m’entêter à croire que je parviendrai à arrêté de consommer seul.
Sur un autre registre, profond et personnel, j’ai pu m’entêter à croire que je serai aimé de mes parents et plus particulièrement de ma mère. Malgré les négligences et les maltraitances l’attachement filiale est profond. J’ai passé une vie à tenter d’être aimé. Cette quête simple demeurait malheureusement pour moi un entêtement. Cette entêtement a favorisé le déni et le déni a favorisé la consommation.
Au fond, je m’entêtais parce que je faisais dépendre les choses de moi et trop uniquement de moi.
A quel point l’entêtement a-t-il affecté ma vie ?
L’entêtement me fait avancer dans une impasse et persévérer d’y rester. Il m’a fait perdre ma raison, mon temps, mon argent, mes amis, ma famille, ma liberté… En définitive, mon entêtement pourrait m’entraîner jusqu’à la mort. Il me rend aveugle en me faisait faire un pas de plus chaque jour vers un précipice.
De quelle manière a-t-il affecté les autres ?
Les conséquences de mon entêtement sont multiples. La plus générale est l’irresponsabilité qu’elle génère. S’entêter à reproduire les mêmes erreurs en attendant des résultats différents en est sans aucun doute l’aveu. En étant irresponsable j’ai mis des personnes en danger (à consommer, à trafiquer, à conduire en état d’ivresse, à soutenir des opinions dangereuses…).
Lâcher prise face à cet entêtement ne signifie pas qu’il est impossible de poursuivre des objectifs, d’essayer de changer notre vie ou de refaire le monde. Cela ne signifie pas non plus que nous devons passivement accepter les injustices commises envers nous ou envers les personnes dont nous sommes responsables. Nous devons saisir la différence entre l’entêtement destructeur et l’acte constructif.
Est-ce que poursuivre mes buts causera du tort à quelqu’un ? De quelle manière ?
Je crois pouvoir dire de moi que je suis globalement plutôt une personne bienveillante. Le rétablissement renforce chaque jours cette opinion en me faisait adopter un comportement de plus en plus responsable. Je n’exclus cependant pas de pouvoir malencontreusement ou involontairement nuire à quelqu’un. Je pense notamment aux conséquences indirectes de mes actes et aux conflits d’intérêts qui me confrontent chaque jours à mes semblables.
Pour poursuivre mes objectifs, serai-je amené à faire des choses qui risqueraient de m’affecter ou d’affecter les autres d’une manière grave ? Expliquer.
J’ai la chance de naître à la fin du XXéme siècle, dans un pays développé, dans un contexte politique et sociale stable, au sein d’une famille moyenne ayant accès à l’éducation. Dans ces conditions sociologiques fondamentales, je ne crois globalement pas être amené à faire des choses qui risqueraient de m’affecter ou d’affecter les autres d’une manière grave. Plus pragmatiquement, et maintenant que je me rétablis de la dépendance, je n’encours plus pour moi-même ou représente pour les autres de risques graves.
Aurai-je à faire des compromis avec certains de mes principes pour parvenir à un objectif ? (Par exemple : aurai-je à être malhonnête ? Cruel ? Déloyal ?)
Dans un contexte normal, dans des circonstances ordinaires, dans un climat de rétablissement et compte tenu du contexte sociologique qui est le mien, je ne devrais pas avoir à faire de compromis avec certains de mes principes pour parvenir à un objectif.
Si nous sommes nouveaux dans le programme et entamons tout juste le travail de la troisième étape, nous nous demanderons probablement quelle est la volonté de Dieu à notre égard, en pensant qu’il s’agit de la trouver au cours de cette étape. Pour l’instant, et jusqu’à la onzième étape, nous n’avons pas à nous préoccuper de connaître la volonté de notre puissance supérieure à notre égard. Cependant, dans la troisième étape, nous entreprenons la démarche qui nous y conduira.
Progressivement, nous allons découvrir la volonté de Dieu à notre égard, au fur et à mesure que nous travaillerons les étapes. Au stade où nous en sommes, nous ne pouvons qu’imaginer cette volonté à partir de quelques idées simples mais suffisantes pour l’instant (par exemple, la volonté de notre puissance supérieure est que nous restions abstinents). La volonté de notre puissance supérieure est que nous fassions les choses qui nous aideront à rester abstinents, comme aller aux réunions et parler régulièrement avec notre parrain.
Décrire les occasions où ma volonté n’a pas suffit (par exemple : demeurer abstinent par ma seule volonté).
Ma seule volonté n’est pas suffisante lorsque par exemple :
- Je tente de gérer, de modérer ou de cesser ma consommation de produits modifiant le comportement ;
- Je tente d’être aimé par des personnes qui n’y sont pas enclin ;
- Je tente de contrôler ma vie.
Quelle est la différence entre ma volonté et la volonté de Dieu ?
Les manifestations de ma volonté visent les fruits de mes actions alors que celles de la volonté de Dieu demeurent immotivés. Ma volonté s’exprime avec discernement lorsque je ne cesse pas d’agir tout en ne m’attachant pas aux fruits de mes actions.
Arrivés à un certain stade de rétablissement, nous nous apercevons peut-être que, d’une certaine façon, nous avons renoncé à essayer d’aligner notre volonté sur celle de notre puissance supérieure, pour agir selon notre propre volonté. Cela se produit si lentement et si subtilement que nous avons du mal à nous en rendre compte. Il semble que nous soyons particulièrement vulnérables à cela lorsque tout va bien. Nous franchissons imperceptiblement la limite entre la manière humble et honnête de poursuivre nos objectifs et la manipulation subtile ou l’obtention de résultats par la force. Nous nous surprenons, au cours d’une discussion, à aller juste un petit peu trop loin pour convaincre quelqu’un que nous avons raison. Nous nous accrochons à quelque chose un petit peu trop longtemps. Nous nous apercevons soudainement que nous n’avons pas contacté notre parrain depuis un certain temps. Si nous sommes à l’écoute de nous-mêmes, nous ressentons, presque inconsciemment, un léger malaise qui nous avertit que nous nous éloignons subtilement de notre rétablissement.
Y a-t-il, dans mon rétablissement, des moments où je me suis retrouvé à reprendre imperceptiblement le contrôle de ma volonté et de ma vie ? Qu’est-ce qui m’a alerté ? Qu’ai-je fait pour réitérer mon engagement dans la troisième étape ?
Invariablement je tente de reprendre le contrôle de ma volonté et de ma vie.
Ce qui m’alerte dans ces cas là c’est :
- La diminution de ma sérénité ;
- L’augmentation de mes doutes, peurs et angoisses ;
- L’agitation et la confusion mentale ;
- L’éloignement progressif des principes spirituelles.
Ce que je fais dans ces cas la :
Curativement :
- Je vais marcher ;
- J’appelle un dépendant, je cherche de l’aide ;
- Je tente de contrôler mon souffle ;
- Je me remémore le sens de ma 3ème étape.
Préventivement :
- Je me remémore régulièrement le sens de ma 3ème étape (lâcher prise, m’en remettre, lien à Dieu) ;
- Je tente d’enraciner les principes spirituels dans mon quotidien ;
- Je tente de prier et méditer régulièrement.
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