Atteindre le fond : désespoir et isolement
Notre maladie nous conduit, au bout du compte, là où il ne nous est plus possible de nier la nature de notre problème. Les mensonges, la rationalisation, les illusions disparaissent, et nous nous retrouvons face à ce que notre vie est devenue. Nous prenons conscience que nous avons vécu jusqu’ici dans le désespoir. A présent, nous nous rendons compte que nous sommes isolés, sans amis ou tellement déconnectés que nos relations ne sont qu’une imposture, une parodie de l’amour, un semblant d’intimité. A ce moment, nous avons l’impression que tout est perdu ; cependant, il s’avère indispensable que nous en passions par là avant de nous embarquer sur la voie du rétablissement.
Quelle est la crise ultime qui m’a conduit au rétablissement ?
Mon licenciement survenu en mars 2010 m’a conduit à reconsidérer très fermement ma situation. Ma consommation excessive, voire massive, de cette période m’aurait conduit invariablement à une déchéance, voire à une fin de vie, à court ou moyen terme. En effet, l’oisiveté potentielle que m’offrait ma période de chômage aurait scellé ma chute. De plus, l’abandon de ma mère a cette période m’a conduit définitivement sur le chemin de mon rétablissement en m’offrant une meilleure compréhension de moi-même et peut-être une réponse sur l’origine de ma consommation.
Quelle est la situation qui m’a poussé à travailler formellement ma première étape ?
Mon adhésion, dans un second temps, au programme de Narcotiques Anonymes m’a fait côtoyer une fraternité plus assidue à travailler les étapes que les groupes d’Alcooliques Anonymes que je fréquentais jusque-là. C’est donc après 3 ans et demi de réunions, et 2 ans et demie de rétablissement, que j’ai recherché un parrain et travaillé formellement ma première étape.
Quand ai-je reconnu pour la première fois que ma maladie était un problème ? Ai-je essayé de corriger la situation ? Si oui, comment ? Sinon, pourquoi ?
J’ai pris conscience très tôt du problème que représentait ma consommation. J’ai identifié rapidement l’attrait que cela représentait pour moi, le mécanisme addictif d’accrochage et l’entrave que cela pourrait représenter dans la maîtrise de ma vie. Je n’ai cependant jamais pensé nommer cela une maladie. J’ai au contraire toujours essayé de corriger la situation en tentant de gérer ma consommation. J’y suis parvenu tant bien que mal, avec beaucoup de maladresse, durant la grande majorité de ma consommation. Je n’ai cependant pas identifié par moi-même, mais par les groupes de paroles, qu’il me faudrait renoncer à tenter de gérer ma consommation. Que si je n’y renonçais pas, je serais battu puis détruit. Je suis resté longtemps, trop longtemps, persuader de parvenir durablement à gérer ma consommation.