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Première étape (4/9)

L’impuissance

Nous, les dépendants, réagissons au mot « impuissance » de différentes façons. Certains reconnaissent qu’il n’y a pas de description plus précise de la situation, aussi admettent-ils leur impuissance avec un sentiment de soulagement. D’autres se cabrent devant le mot, car ils l’associent à la faiblesse ou pensent qu’il indique quelque chose comme un manque de caractère. Comprendre ce qu’est l’impuissance, et comprendre à quel point il est essentiel de l’admettre pour se rétablir, nous aide à dépasser les sentiments négatifs que nous éprouvons au sujet de ce concept.

Nous sommes impuissants quand la force qui dirige notre vie échappe à notre contrôle. Notre dépendance peut être qualifiée avec certitude de « force agissante incontrôlable ». Modérer ou contrôler notre usage de la drogue ou de nos comportements compulsifs est impossible, même si cela entraîne la perte de choses qui sont d’une importance majeure pour nous. Nous sommes incapables d’arrêter, même lorsque continuer produit des dommages physiques irréparables. Nous nous surprenons à faire des choses que nous ne ferions jamais si nous n’étions pas sous l’emprise de la dépendance, des choses honteuses qui nous atterrent lorsque nous y pensons. Nous pouvons fermement décréter que nous ne voulons pas consommer, que nous n’allons pas consommer, pour voir ensuite que nous sommes totalement incapables d’arrêter quand l’occasion se présente.

Peut-être avec un certain succès, pendant quelque temps, sans programme, avons-nous essayé de ne pas prendre de drogue ou tenté d’arrêter nos comportements compulsifs, pour découvrir au bout du compte que, sans programme de rétablissement, la dépendance nous ramenait au même point. Pour travailler la première étape, il est nécessaire de rechercher le plus profondément possible la preuve de notre impuissance.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 6. à p. 7.
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Devant quoi exactement, suis-je impuissant ?

Je suis impuissant à consommer avec modération. Lorsque j’ai consommé dans ma journée, je consomme encore et encore. Je suis impuissant devant la compulsion. Je crois pouvoir ne plus être obsédé par la consommation (en ne consommant plus depuis un long moment) mais ne pas compulser est impossible pour moi (est-ce là le cœur de ma maladie ?).
D’être submergé par mes émotions au point d’adopter un comportement irrationnel au détriment d’une rationnelle sérénité (je me soigne depuis que je travaille mon programme). Toutes les émotions se manifestent et peuvent exacerbées dans le sentiment amoureux ou de haine.
Bien entendu, je suis impuissant devant : le mystère de la vie, le temps, le déterminisme, les phénomènes naturelles, les besoins physiologiques,…

Sous l’emprise de la maladie, j’ai fait des choses que je n’aurais jamais voulu faire en rétablissement. Quelles sont-elles ?

Présenter une image dégradante de moi (physiquement (visage marqué, manque de soin générale, posture indigne,…), intellectuellement (débiter des inepties, manquer de finesse,…) et spirituellement (vulgarité, excessivité,…),
manquer de modération (dans les propos, dans l’exubérance, dans la dépense financière,…),
mettre ma vie comme celles des autres en danger (conduite sous l’emprise de produits, émotions hors de contrôle,…),
être irresponsable (obsession pour des chimères, manquer de maturité,…).

Pour me procurer de la drogue, qu’ai-je fait qui allait complètement à l’encontre de mes croyances et de mes valeurs ?

J’ai volé des amis (cave à vin, drogues diverses souvent subtilisées,…).
J’ai pris des risques inconsidérés qui auraient pu me coûter mon travail (voler de l’alcool dans les hôtels de mes missions professionnelles).

De quelle manière ma personnalité change-t-elle quand j’agis sous l’emprise de la maladie ?

La manière dont ma personnalité change varie avec les substances que je consomme. Cependant, quelque soient les substances mon comportement perd toute modération et devient exacerbé. Je peux être exubérant, extraverti, incontrôlable, passionnée comme atone, introverti, dévitalisé. Je suis alors nécessairement excessif et sans modération.

Est-ce que je manipule les autres pour alimenter ma dépendance ? De quelle manière ?

Je ne suis pas manipulateur. Je ne calcule pas vis-à-vis des autres pour alimenter ma consommation. Je crois donc pouvoir dire que je ne manipule pas pour alimenter ma dépendance. Je pense honnête cependant de dire qu’invariablement je me trompe moi-même, que je me manipule involontairement et donc dans ce contexte, je dois pouvoir manipuler autrui inconsciemment.

Ai-je essayé d’arrêter de consommer sans pouvoir y parvenir ? Ai-je essayé de le faire de mon propre chef ? Ai-je alors trouvé que la vie sans drogue était tellement pénible que mon abstinence fut de courte durée ? A quoi ont ressemblé ces périodes ?

J’ai essayé d’arrêter de consommer sans pouvoir y parvenir à de très nombreuses reprises sans doute même depuis toujours.
C’est de mon propre chef que j’ai essayé et longtemps par moi-même (avec des résultats plus ou moins productif mais jamais véritablement efficace).
Je ne dirais pas « la vie sans drogue était tellement pénible que mon abstinence fut de courte durée », je dirais « mon envie irrépressible de consommer se faisait tôt ou tard si pressante que mon abstinence fut de courte durée ».
Ces périodes de tentatives d’arrêt de la consommation étaient difficiles car oppressante par le désir, inquiétante par la dépendance et frustrante par l’échec mais pourtant exaltante par l’exercice de la volonté sur soi-même et le retour de l’estime de soi.

Quelles blessures ai-je provoquées en moi et chez les autres par ma dépendance aux drogues ?

Dégradation de l’estime de moi-même, et donc perte de confiance, dû au constat de dépendance.


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