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Première étape (2/9)

Le déni

Le déni est cette particularité de notre maladie qui nous dit que nous ne sommes pas malade. Quand nous sommes « dans le déni », nous sommes incapables de voir la réalité de notre dépendance. Nous en minimisons les effets. Nous accusons les autres – nos familles, nos amis, nos employeurs – en invoquant les attentes qu’ils font peser sur nous, ou bien nous accusons une drogue en particulier. Nous nous comparons à ceux qui semblent plus « gravement atteints » que nous. Si nous sommes abstinents depuis un certain temps, nous sommes peut-être en train de nous persuader que, par rapport à notre période de consommation, la maladie aujourd’hui n’est pas si terrible ! A partir du moment où l’on se rend compte que l’on commence à donner des raisons plausibles mais fausses pour justifier son comportement, il est alors plus facile de prendre conscience de son propre déni.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 4. à p. 5.
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Est-ce que j’ai donné des raisons plausibles, mais fausses, pour justifier mon comportement ? Quelles sont ces raisons ?

J’ai sans aucun doute justifié mon comportement mais globalement ma situation de dépendance m’est apparue clairement et très tôt. J’ai cependant cru à tort durant des décennies que je parviendrais à gérer ma consommation… mais est-ce un déni ? Je n’ai appris, je n’ai compris qu’au contact des groupes de paroles AA et NA que je ne devais plus tenter de gérer mais accepter la caractéristique binaire de la dépendance : consommer ou ne pas consommer. Je n’avais pas eu cette idée par moi-même et je luttais depuis 25 ans

Les raisons : croyance dans la réussite de tenter de gérer ma consommation

Est-ce que j’ai agi de façon compulsive suite à une obsession, et ai-je fait comme si j’avais projeté d’agir ainsi ? Quand cela est-il arrivé ?

Agir de façon compulsive suite à une obsession était très fréquent, objectivement c’était à coup sûr !

La question sous-tend le mensonge à soi-même, est-ce bien le sens du déni ? Je ne pense pas m’être menti de la sorte. Je me suis plutôt déçu une infinité de fois à propos de ma consommation. J’ai également détruit l’estime de soi parce que je ne pouvais contrôler l’obsession comme la compulsion. J’ai toujours eu conscience de mon impuissance face aux produits et j’ai lutté tous les jours avec force pour ne pas succomber. C’est plutôt là le sens de mon déni, ne pas avoir voulu comprendre que je ne contrôlerai pas ma consommation. Je n’imaginais pas cesser de consommer, c’était inimaginable. Je suis alors parvenu maladroitement à contrôler ma consommation et ce n’est qu’à la fin de celle-ci que les produits ont pris le déçu. Terrifiant !

Comment ai-je accusé les autres de mes comportements ?

Je n’ai pas aussi « simplement » accusé des tiers notamment pour mes consommations. J’ai cependant pu accuser les autres pour mes tourments dans la vie et notamment mes parents mais plutôt la société en générale. Je n’ai compris que tardivement la maltraitance, la négligence que mes parents m’ont infligé et ma révolte à d’abord porté sur la société. En définitive cette colère s’est retourné contre moi notamment par une consommation excessive. Je ne peux pas évacuer que le conditionnement vécu durant l’enfance et l’adolescence façonne l’adulte à venir. Je m’en suis maladroitement pris à la société, à toutes formes d’autorités puis finalement à moi-même.

J’ai conscience que malgré ces souffrances infligées, je dois parvenir à me placer au-delà. En effet, qui que je sois, quoi que je sois en définitive, je reste estimable.

Quels types de comparaisons ai-je fait entre ma dépendance et celles des autres ? Est-ce que ma dépendance est « suffisamment grave »si je ne la compare pas à celle des autres ?

Le classique « moi, ce n’est pas comme les autres ! » était sans doute de mise… Je pensais pouvoir gérer et dominer ma dépendance, je minimisais. Je ne pensais pas être perdu même si je constatais mon comportement excessif. J’ai tenu longtemps, au prix d’efforts considérables et de stratagèmes complexes, pour ne pas sombrer dans la consommation mais cela a été finalement vain puisque après des années j’étais bien sous l’emprise de ma dépendance et que j’avais perdu la maîtrise de ma vie.

Ma dépendance est grave, est extrêmement grave, au point de vivre une déchéance ou pouvoir perdre la vie. Je n’avais plus besoin de comparer ma consommation avec qui que cela soit pour voir que je ne pouvais, que je ne pourrais plus assumer ma vie à court terme.

Est-ce que je compare une manifestation habituelle de ma maladie à ce qu’était ma vie avant d’arrêter de consommer ? Suis-je tourmenté en constatant que finalement je ne sais pas grand-chose ?

Je ne comprends pas la question…

Ai-je pensé en savoir assez sur la maladie et le rétablissement pour pouvoir avoir un contrôle sur mon comportement ?

Je n’ai jamais pensé cela. J’ai expérimenté de perdre la maîtrise de ma vie, bien malgré moi, bien malgré mes multiples précautions. Lorsque j’ai appris ce qu’était la maladie de la dépendance au sein de NA j’ai immédiatement adhéré aux principes NA. Je n’avais plus aucune autre solution que d’accepter ce que d’autres avant moi avait expérimenté et mis en œuvre. Prudence, patience et persévérance.

Est-ce que j’évite de passer à l’action par honte d’être face aux conséquences de ma dépendance ? Est-ce que j’évite d’agir par peur de ce que les autres vont penser ?

Je ne crois pas avoir évité de passer à l’action par honte d’être face aux conséquences de ma dépendance mais plutôt par peur. Ces peurs sont multiples : le manque, la souffrance, le changement, l’inconnu. Sans doute que ma peur du regard des autres est présente mais n’est pas la plus exacerbé.


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