Préparation au travail de la septième étape
Nous avons déjà effectué une grande part de la préparation spirituelle nécessaire pour aborder la septième étape. Il est important que nous fassions la liaison entre le travail que nous avons produit et les résultats qu’il a donné.
Les étapes précédentes ont toutes servi à semer les graines de l’humilité dans notre esprit. Au cours de cette étape, ces graines prennent racine et poussent. Beaucoup d’entre nous ont du mal avec l’humilité, et, bien que ce problème ait été abordé à la sixième étape, il mérite encore notre attention à la septième étape. Nous avons besoin de comprendre ce que représente l’humilité pour nous, et de quelle manière sa présence se révèle dans notre vie.
Nous ne devons pas confondre humilité et humiliation. Lorsque nous sommes humiliés, nous sommes honteux, nous nous sentons méprisables. L’humilité est complétement l’inverse de ce sentiment. En travaillant les étapes, nous nous sommes débarrassés de la carapace de déni, d’égoïsme et d’égocentrisme qui nous recouvrait. Nous avons commencé également à construire une image un peu plus positive de nous-mêmes et avons mis en pratique des principes spirituels. Auparavant, nous n’avions aucune possibilité de percevoir nos atouts, car la partie saine et bonne de nous-mêmes se cachait derrière notre maladie. Mais à présent nous en sommes capables. C’est cela l’humilité. Quelques exemples montrant comment l’humilité nous est révélée peuvent nous aider à comprendre ce concept.
Nous sommes entrés en rétablissement avec des idées bien arrêtées. Depuis, tout ce en quoi nous croyions auparavant a été remis en question. De nouvelles idées ont surgi. Par exemple, quand nous pensions avoir le contrôle, le simple fait d’être venu à NA et d’avoir admis notre impuissance a été probablement suffisant pour changer notre vision des choses. La maladie avait rendus incapables d’apprendre ce que la vie nous enseignait sur le pouvoir de contrôle que détient chaque être humain. Grâce à l’abstinence et au travail des cinq premières étapes, nous avons beaucoup appris sur la vie.
Nous sommes parfois arrivés à NA avec une certaine mentalité “de rue”. La seule manière que nous connaissions alors, pour obtenir ce que nous désirions, était de biaiser ou de manipuler les gens. Nous ne nous rendions pas compte qu’il était possible d’être simplement francs, pourtant nous avions, comme les autres, autant de chance, sinon plus, de voir se réaliser nos désirs. Nous avions mis tant d’années à rendre inexpressif notre visage, à cacher notre compassion et à nous endurcir qu’au moment de notre arrivée à NA, nous étions devenus si forts en ce domaine, tellement forts, en effet, que nous étions probablement pris en exemple par les nouveaux, de la même manière qu’au tout début de notre consommation, nous prenions exemple sur les anciens. Nous avions cherché à supprimer en nous toute trace d’humanité et nous étions, dans bien des cas, devenus complètement inhumains.
Quitter l’arène dans laquelle de tels jeux se pratiquaient nous a permis de penser autrement. Nous avons appris qu’il était normal d’avoir des émotions et de les laisser voir. Nous avons découvert que les règles de la rue n’avaient de sens que dans la rue et que, dans la vraie vie, elles n’avaient aucun sens et étaient souvent dangereuses. Nous sommes devenus plus doux et plus vulnérables. Nous n’avons plus confondu bienveillance et faiblesse.
Transformer ces comportements a un effet spectaculaire. Très souvent, cela entraîne même des changements d’apparence physique : sourcils et mâchoires noués se détendent en sourires, les larmes coulent librement, mettant à nu notre esprit sur le point de fondre.
Parfois encore, nous sommes arrivés à NA avec la conviction d’être victimes de la malchance, de circonstances défavorables et de conspirations manigancées pour contrarier nos bonnes intentions. Nous étions persuadés d’être des gens bien, mais profondément incompris. Nous justifiions tout le mal que nous causions comme étant de l’auto-défense et ce , bien entendu, dans la mesure où nous étions capable de nous rendre compte du mal que nous faisions. Un sentiment d’apitoiement sur soi allait de pair avec cette attitude. Nous nous complaisions dans notre souffrance, car nous savions secrètement que son seul avantage était un bon prétexte pour ne jamais avoir à regarder notre part de responsabilité.
C’est à cela que les six premières étapes nous ont menés : considérer notre part de responsabilité dans ce qui arrive. Auparavant, nous pensions que certaines situations se produisaient fortuitement ; à présent, nous découvrons en réalité dans quelle mesure nous en sommes les artisans. Nous prenons conscience de toutes les occasions que nous avons laissées passer. Nous cessons d’accuser les autres de ce qui nous arrive dans la vie. Nous commençons à comprendre où nos choix de vie nous ont menés.
L’humilité est la mesure de notre propre humanité. Si nous sommes en train de faire notre première septième étape, nous ressentons peut-être, pour la première fois, de la compassion envers nous-mêmes. Il est profondément émouvant de s’apercevoir que nous ne sommes que des êtres humains qui essaient de faire de leur mieux. Nous prenons des décisions, bonnes et mauvaises, et espérons qu’elles conviendront. A la lumière de ce que nous connaissons de nous, nous nous rendons compte que, comme les autres, nous essayons de faire de notre mieux. Nous ressentons un véritable contact avec eux, sachant que nous sommes tous soumis aux mêmes sentiments de malaise et de faiblesse et que tous, nous faisons des rêves pour l’avenir.
A présent, il est temps de prendre conscience de notre propre humilité et d’examiner la manière dont elle se manifeste dans notre vie quotidienne.
Quelles attitudes ai-je modifiées depuis que je suis en rétablissement ? Quelle part d’orgueil s’est dégonflée, et quelle part saine en moi s’est ainsi révélée ?
J’ai indiscutablement modifié de nombreuses attitudes depuis que je me rétablie, je pense notamment à :
- à mon regard sur ma vie passée (du tourment à l’acceptation), présente (de l’agitation à la sérénité) et future (de la peur à la confiance) ;
- à l’acceptation de moi-même, des autres et du monde en général ;
- à l’aptitude et au désir de naviguer par temps clair plutôt qu ‘invariablement par gros temps.
De la même manière, mon orgueil s’est effectivement dégonflé pour révéler une part plus saine en moi. Je pense notamment à mon égocentrisme exacerbé qui jouait de manière permanente le rôle d’un prisme déformant la réalité. La perception que j’avais de moi-même passait par exemple de la toute puissance absolue à la sous-estime la plus radicale. Depuis que je me rétablis je suis modéré et serein.
Quel impact l’humilité a-t-elle sur mon rétablissement ?
L’humilité à différents impacts sur mon rétablissement, tel que :
- Réduire mon égocentrisme et mes peurs ;
- M’apaiser par un ancrage dans le moment présent ;
- Identifier ma juste place dans le monde ;
- Me satisfaire de choses simples.
Que m’apporte le fait d’avoir conscience de mon humilité dans le travail de cette étape ?
L’humilité est bien au cœur des sixième et septième étapes. D’une part, lors de la confession de mes déficiences à la sixième étape, mais d’autre part, dans la demande qu’elles me soient enlevées à la septième étape. Prendre conscience de mon humilité souligne donc mon impuissance, réprime tout mouvement d’orgueil et prépare à m’en remettre à Dieu. “Nous lui avons humblement demandé de nous enlever nos déficiences” nous dit la septième étape.
Notre travail des étapes précédentes nous a permis de développer notre relation avec un Dieu tel que nous le concevons. Ce travail sera récompensé substantiellement lorsque nous avancerons dans la septième étape. Dans la deuxième étape nous avons, pour la première fois, envisagé qu’une puissance supérieure pourrait nous permettre de nous rétablir de la dépendance. A partir de ce moment nous avons poursuivi avec la troisième étape, en décidant de confier notre volonté et notre vie aux soins de notre puissance supérieure. Nous avons eu recours à cette puissance à de nombreuses reprises pour franchir la quatrième étape, et ensuite, dans la cinquième étape, nous avons partagé avec cette puissance les plus intimes détails de notre vie. Dans la sixième étape, nous avons découvert que Dieu tel que nous le concevons pouvait faire davantage pour nous que nous garder abstinents.
De quelle façon ma conception d’une puissance supérieure a-t-elle évolué dans les étapes précédentes ? De quelle façon ma relation avec cette puissance s’est-elle développée ?
Je suis issu d’une famille athée. Je n’ai reçu aucun enseignement religieux. Le suicide de mon père durant mon adolescence a éveillé une quête impérieuse du sens de la vie. Cette quête m’a menée assez rapidement à la conscience de ma puissance supérieure. Sa conception n’a en vérité que peu évolué au cours de ma vie ou dans mon rétablissement car elle y avait trouvé son ancrage. Je remarque cependant, une proximité et une présence quotidienne toujours plus soutenue depuis que je me rétablie.
Dans quelle mesure mon travail des étapes précédentes m’a-t-il préparé à travailler la septième étape ?
Mon travail des étapes précédentes m’a amené à capituler devant ma volonté, à m’en remettre à Dieu et à identifier mes déficiences. J’ai donc bien été préparé à la septième étape pour humblement demander à Dieu qu’il m’enlève mes déficiences.
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