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Sixième étape (1/5)

Consentir pleinement à quoi ?

Si nous sommes nouveaux dans le programme de NA et que nous faisons cette étape pour la première fois, nombre de nos défauts de caractère apparaîtront tellement flagrants que, pour nous en débarrasser, nous sentons peut-être un irrépressible élan de bonne volonté. Nous les voyons pour la première fois dans toute leur splendeur, pour ainsi dire, et nous désirons qu’ils s’en aillent, aujourd’hui !
La première réaction passée, nous nous apercevons que nous ressentons certaines peurs ou incertitudes face au changement. L’inconnu est terrifiant pour la plupart d’entre nous. Depuis longtemps, toute notre vie peut-être, nous avons vécu avec des défauts dont nous ne voulons pas nous débarrasser.
Il est probable que nous éprouvions de la peur à l’idée de ce que serait notre vie sans ces défauts. Plusieurs d’entre eux ressemblent plus à d’indispensables techniques de survie qu’à des défauts de caractère. Nous nous demandons si la disparition de nos défauts ne va pas entraver notre capacité à gagner notre vie. La pensée de devenir des “citoyens respectables” peut nous sembler rebutante. Nous sommes nombreux à être fortement attachés au stéréotype que nous voulons donner de nous-mêmes – décontractés, à la mode, en dehors des normes de la société bienséante – et cette manière d’être nous plaît. Nous avons peut-être peur que le travail de la sixième étape fasse de nous d’ennuyeux conformistes. Certains d’entre nous ont tendance à penser qu’ils ne sont faits que de défauts, et se demandent ce qu’il restera d’eux lorsque ceux-ci leur seront enlevés. Nos peurs sont généralement vagues et diffuses. Si nous les analysons logiquement, nous nous apercevrons sûrement qu’elles ne sont pas fondées. En d’autres termes, si nous les exprimons à haute voix, nous les verrons telles qu’elles sont.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 63. à p. 65.
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Existe-t-il en moi des côtés que j’aime, mais qui peuvent être assimilés à des “défauts” ? Ai-je peur de ne pas apprécier ma nouvelle personnalité si ces particularités de mon caractère me sont enlevées ?

Voici les côtés que j’aime (ou du moins par lesquels je suis constitué et/ou auxquels je reste attaché) mais qui peuvent être assimilés à des “défauts” :

  • Indépendant, solitaire, secret : l’isolement et la maltraitance durant l’enfance sont inscrits dans mon patrimoine. Cela m’a très tôt rendu indépendant, solitaire et secret. J’ai trouvé aujourd’hui un équilibre qui m’apparait satisfaisant concernant ces aspects de ma personnalité. Je peux envisager de les atténuer pas de les enlever.
  • Original, insoumis, anticonformiste : la première partie de ma vie m’a rendu insoumis, révolté et marginal (négligence, maltraitance, abus, trahison). Je dispose donc encore structurellement de ces traits de caractère bien qu’ils s’amenuisent avec le temps. Je peux continuer de les estomper mais pas de les perdre.
  • Menteur, tricheur, manipulateur : loin de moi l’idée d’aimer ou d’encenser ces aspects de ma personnalité, j’estime pourtant qu’ils sont nécessaires à ma vie en société, qu’il forme une sorte de kit de survie en milieu hostile. Il ne s’agit donc pas d’avoir peur de ne pas apprécier ma nouvelle personnalité si ces particularités de mon caractère me sont enlevées mais de réalisme. Que se passerait-il si nous ne mentions plus ou si nous devions accepter toutes les règles que l’on nous imposerait ? J’ai conscience de mon libre arbitre comme de la relativité de tout règlement et je compte bien conserver cette liberté.
  • Econome, pingre : que je dispose d’argent ou non, je vis plutôt chichement. Ayant grandi à l’inverse d’un enfant gâté, je suis plutôt économe, sobre matériellement et peut-être pingre par souci d’optimisation de l’économie. Je ne vois pas cela comme un défaut (car cela n’est pas exacerbé) mais je pourrais gagner en rondeur.

Qu’est ce qui me sera enlevé ?

Au fil de mon rétablissement un certains nombre de défauts s’estompent ou disparaissent naturellement plus je m’éloigne de ma dépendance active, tels que : 

  • Le déni de réalité : l’illusion de contrôler ma consommation et la minimisation de ses conséquences est un déni qui a disparu. Porter un regard de plus en plus objectif sur ma vie comme la relation à mes parents, les conséquences de ma vie familiale sur ma propre vie me fait progressivement sortir d’un déni profond. Je deviens progressivement celui que je suis.
  • Le tourment, le désespoir : Durant la plus grande partie de ma vie je me débattais avec l’ombre de moi-même. Cela a pris fin.
  • Le ressentiment, la colère : plus je me rétablis, plus je m’apaise. Je gagne en équilibre et en sérénité.
  • L’apitoiement : le rétablissement m’ouvre à l’acceptation de moi-même.
  • La culpabilité : depuis toujours coupable de la maltraitance que j’ai subi, j’ai aujourd’hui pris conscience de ma position de victime (sans entrer en victimisation).
  • Une distance erronée aux autres, à moi-même et à Dieu : Auparavant j’alternais entre hypersensibilité (la tête dans le guidon) et insensibilité (détachement excessif). Me rétablir rime aujourd’hui avec la découverte de la bonne distance aux événements de la vie, à mes émotions et à toutes choses en définitive. Lorsque je sais manifester cette bonne distance, je suis, enfin !
  • Le besoin d’être aimé ou détesté, le désir de plaire ou d’être rejeté : aujourd’hui c’est davantage l’accord à moi-même que je recherche et non plus l’approbation ou le rejet des autres.
  • L’inégalité d’humeur : je suis passé d’une vie faite de “up and down” à la voie du milieu.

Si nous avons une expérience antérieure de la sixième étape, nos défauts de caractère n’ont rien de nouveau. D’ailleurs, nous sommes peut-être consternés d’avoir, encore aujourd’hui, tel défaut ou contrariés de voir ce même vieux défaut se manifester une fois de plus.
Prenons un exemple : le manque d’assurance nous tenaille encore, mais nos tentatives cousues de fil blanc pour faire croire aux autres que nous sommes de vrais caïds n’ont plus de sens. Malgré cela, ce défaut est toujours présent. Récemment, cependant, son emprise sur notre façon d’agir s’est manifestée d’une manière très subtile et très insidieuse : pour être en meilleure position qu’un autre, nous avons, inconsciemment peut-être, sabotés ses efforts ou étouffé ses aspirations car ceux-ci ne servaient pas directement nos propres besoins. Lorsque, après un certain temps de rétablissement, nous prenons conscience de ce genre de chose, cela est d’autant plus douloureux que nous avions eu tendance à nous voir sous un meilleur jour. Nous sommes profondément honteux d’avoir blessé quelqu’un. Nous ressentons peut-être la hantise d’être incapables de changer ou de voir demeurer l’un ou l’autre de nos défauts de caractère. Le fait d’avoir conscience de ce que nous avons fait et d’avoir de la bonne volonté pour changer peut nous apporter un certain réconfort. Nous devons garder espoir et croire que le processus du rétablissement sera suffisamment efficace pour extirper les défauts les plus solidement enracinés.

Ai-je toujours foi en le processus du rétablissement ? Suis-je persuadé que je peux changer ? De quelle façon ai-je changé jusqu’à présent ? Quel sont les défauts sous l’emprise desquels je n’agis plus ?

J’ai toujours grandement foi dans le processus de rétablissement.

Je constate que je change. Je suis donc persuadé que je peux encore changer.

Jusqu’à présent, je pense avoir changé de la manière suivante :

  • je switch le négatif pour le positif (pensées, actions…), je construis donc plutôt que je ne détruis ;
  • je m’inscris davantage dans une voie du milieu, une voie raisonnable, responsable et plutôt sage ;
  • j’ai trouvé de l’apaisement, du calme et de la sérénité ;
  • Je prends soin de moi, de ma santé et de mon équilibre.

Je n’agis plus (ou moins) sous l’emprise de défauts tels que : le déni, l’apitoiement, le ressentiment, la colère, la révolte, le rejet, l’autodestruction…

Est-ce que je pense que certains de mes défauts sont impossibles à éliminer ? Lesquels ? Qu’est-ce qui me fait croire qu’ils ne peuvent être éliminés ?

Je pense d’une manière générale que mes défauts sont impossibles à éliminer mais qu’ils peuvent être atténués. Mes défauts, comme mes qualités d’ailleurs, se sont déployés et développés tout au long de ma vie pour répondre aux situations que je traversais. Ils constituent néanmoins mon identité. C’est pour cela que je crois qu’ils sont impossible à éliminer. Je suis et je demeurerai celui que je suis en ayant cependant la capacité de moduler, d’accentuer ou de diminuer les composantes de ma personnalité. Je pense par exemple que je demeurerai toujours très indépendant, trop peut-être, ce qui pourrait tendre à m’isoler si je n’y prête pas attention. Je pense également que mon originalité fera que je conserverai un grain de folie dans mon mode de vie. L’important reste qu’aucun de ces défauts de caractère n’entraîne une perte de maîtrise mais s’inscrive bien dans mon horizon de rétablissement.


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