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Dixième étape (1/6)

Ressentir ou agir

La dixième étape est utile pour susciter et entretenir une prise de conscience constante de ce que nous ressentons, pensons et, plus important encore, de ce que nous faisons. Avant de se lancer dans la pratique régulière de l’inventaire personnel, il est important de comprendre ce que nous évaluons, car il serait inutile de faire une liste de nos émotions sans les relier aux actes qu’elles ont générés ou qu’elles ont manqués. Sinon, comment pourrait-on expliquer ces moments assez fréquents où nous nous sentons très mal tout en nous comportant très bien, et vice versa ?

Prenons un exemple : un membre de NA arrive à son groupe d’appartenance. “Comment vas-tu ?” lui demande quelqu’un “affreusement mal”, répond-il. Bien sûr, cette personne parle de la façon dont elle se sent. Elle ne fait pas référence à ce qu’elle fait, car, à vrai dire, elle se comporte très bien : elle participe à une réunion, elle exprime honnêtement comment elle se sent. De plus, elle s’adresse à un autre membre qui peut lui apporter son soutien.

A l’inverse, prenons un autre membre de la fraternité – nous peut-être – qui s’agite beaucoup pour satisfaire ses impulsions sous l’emprise de ses défauts de caractère. En apparence, cette personne peut donner l’impression d’aller très bien. Généralement, ce n’est que plus tard qu’elle s’aperçoit du vide que cela entraîne. Elle oublie le travail qu’il faut faire pour demeurer abstinent. Elle donne libre cours à ses impulsions et choisit la voie de la facilité. Pourtant, elle sait où cela risque de la conduire !

La dixième étape nous permettra d’être mieux conscients de nous-mêmes et nous empêchera d’aller d’un extrême à l’autre. Nous n’avons pas à nous en vouloir parce que nous ne nous sentons pas bien. Nous pouvons au contraire nous concentrer sur l’aspect positif de ce que nous entreprenons. En portant un autre regard sur les choses, nous finissons toujours par nous sentir mieux. Le fait d’être conscients de ce que nous faisons nous aide à percevoir nos modes de fonctionnement destructeurs, bien avant qu’ils ne deviennent ancrés. Aussi est-il préférable de ne pas chercher à tout prix à vouloir se sentir bien, au détriment de ce qui est bon pour soi.

En tant que dépendants, nous avons tendance à critiquer ce que nous éprouvons. Nous sommes tentés d’étouffer immédiatement tout sentiment désagréable. Souvent, nous ne nous rendons pas compte que la façons dont nous nous sentons est parfaitement normale, compte tenu des circonstances.

Par exemple, la colère pose un problème à bon nombre d’entre nous. Nous n’apprécions pas l’état dans lequel elle nous met. Nous nous jugeons et concluons que nous n’avons pas le droit de nous sentir ainsi. En conséquence, nous faisons tout notre possible pour l’enfouir. Pourtant, nous vivons peut-être une situation qui mettrait toute autre personne en colère : notre conjoint nous manque constamment de respect ; nous n’avons peut-être pas obtenu au travail la promotion bien méritée. Voilà de quoi être en colère. Nous sommes traités sans égard, aussi ce que nous éprouvons est bien naturel. Le rétablissement peut alors apporter un plus grand respect de soi, ou, à l’inverse, la maladie peut entraîner une dépression et un profond ressentiment.

Tout cela est déterminé par notre façon de faire face à la colère. Si nous nous mettons à hurler, à injurier les autres et à tout casser, nous détruirons toute possibilité d’améliorer notre couple ou notre situation professionnelle. Si nous ne faisons rien et enfouissons notre colère, nous nous laisserons abattre et accumulerons les ressentiments, sans pour autant régler la situation. Mais, si nous agissons de manière positive pour améliorer la situation, celle-ci peut s’arranger ; au pire, nous saurons à quel moment améliorer la situation, celle-ci peut s’arranger ; au pire, nous saurons à quel moment il sera préférable de partir sans regret.

Quelquefois, la seule chose à faire de nos émotions est de les vivre. Nous n’avons plus besoin de réagir face à elles. Par exemple, nous perdons un être cher, nous sommes donc envahis de tristesse. Ce sentiment peut persister longtemps. Il nous quittera quand nous aurons pleuré suffisamment la personne. Il est souhaitable de ne pas laisser la tristesse nous envahir au point de nous empêcher de vivre, mais il est normal qu’elle nous affecte, nous rende absents et incapables de participer à des activités soi-disant distrayantes. Il est nécessaire de trouver l’équilibre entre le trop-plein d’émotions et leur déni ; nous ne voulons plus connaître ces extrêmes. Cela peut paraître simpliste, comme si cela allait de soi, mais beaucoup de nos membres partagent qu’il leur a fallu des années de rétablissement avant d’être capables de trouver ce genre d’équilibre.

Ainsi la dixième étape nous permet de mieux vivre nos émotions en nous aidant à faire la différence entre agir et ressentir.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 111. à p. 113.
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M’arrive-t-il d’avoir du mal à faire la différence entre ce que je ressens et ce que je fais ? développer ce sujet.

Réponse à venir…


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