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Sixième étape (4/5)

Principes spirituels

Dans la sixième étape, nous nous concentrons particulièrement sur l’engagement et la persévérance, sur la bonne volonté, la foi et la confiance et pour finir, sur l’acceptation de nous-même. A ce stade de notre travail de la sixième étape, nous acquérons une conscience aiguë de nos déficiences. A vrai dire, nous sommes probablement tellement conscients de leur présence dans le déroulement de notre vie quotidienne que nous pouvons les voir venir et même, la plupart du temps, nous empêcher d’agir sous leur emprise. Parfois, il arrive que notre conscience faiblisse et que nous cessions d’être vigilants vis-à-vis de notre comportement. Il faut une incroyable quantité d’énergie pour se surveiller à chaque seconde et réfréner chaque pulsion qui nous entraîne à agir malgré nous. Nous risquons de nous endormir dans un train-train quotidien jusqu’au moment où, soudainement, nous ressentons un grand malaise accompagné de honte et nous nous demandons comment, une fois encore, nous avons pu agir ainsi, malgré tout le travail fait jusqu’à présent.

Néanmoins, nous n’abandonnons pas la partie. Au contraire, nous nous réengageons vis-à-vis de notre rétablissement. En dépit de l’échec temporaire, nous nous référons aux principes nouvellement acquis. Nous continuons de progresser même si parfois nous faisons un ou deux pas en arrière. Nous cherchons à nous améliorer petit à petit, et non à devenir instantanément parfaits.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 66. à p. 68.
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Aujourd’hui, de quelle manière est-ce que je fais preuve d’engagement envers mon rétablissement ?

Je fais preuve d’engagement envers mon rétablissement depuis mes premiers pas dans les fraternités anonymes. Sans cet engagement rien ne serait possible, ni abstinence, ni rétablissement. Il s’agit pour moi d’abord et avant tout d’assister à des réunions et d’y avoir de l’engagement (respect des traditions, prise de parole, service, accueil du nouveau, échanges avant et après la réunion). Il s’agit également d’entretenir et de développer le lien fraternel en dehors des réunions (parrainage (parrain/marraine, filleuls), appels et activités avec d’autres dépendants, lecture de la littérature). Il s’agit également d’engager assidûment un travail de développement personnel (travail des étapes, reprogrammation, sport, hygiène physique, mentale et spirituelle). Il s’agit enfin de m’éveiller spirituellement et d’établir une relation intime avec ma puissance supérieure (prières, méditations).

En travaillant les cinq première étapes, j’ai fait preuve de persévérance dans mon rétablissement. Pourquoi cette qualité est-elle à ce point essentielle à la sixième étape ?

Dans la sixième étape, il s’agit de consentir à ce que Dieu élimine tous nos défauts de caractère. Consentir est une décision qui peut être prise dans l’instant. Cependant pour être efficace ce consentement doit s’inscrire dans la durée. Il s’agira donc bien de renouveler cet engagement régulièrement en faisant preuve de persévérance. En effet, l’élimination de tous nos défauts de caractère, de tous mes défauts de caractère, s’avèrera une entreprise de longue haleine. Il s’agit donc bien d’engager une dynamique, un processus, plutôt qu’envisager une finalité.

Pratiquer le principe spirituel de bonne volonté signifie tout simplement que nous avons le désir d’agir différemment. Cela ne signifie pas nécessairement que nous allons le faire, ou que nous sommes capables de le faire. Pour mieux illustrer cela, prenons le cas où, de diverses façons et à divers degrés, nous avons été malhonnêtes envers nos familles, nos employeurs, nos amis. Si devenir consentant “par paliers” semble être, à première vue, une excellente idée, en mettant par exemple de la bonne volonté à ne régler en premier que les formes les plus graves et les plus destructrices de notre propre malhonnêteté, cette étape dit bien que nous avons “pleinement” consenti à ce que “tous” nos défauts soient éliminés. Cela veut dire nous disposer à ne plus jamais commettre de malhonnêteté, même légère. Cela peut paraître beaucoup demander, mais ce n’est que pour aujourd’hui que nous avons à le faire.

Il est difficile d’avoir cette sorte de bonne volonté, particulièrement quand les conséquences engendrées par un léger manque d’honnêteté ne sont pas aussi graves. Nous voyons bien que nous ne sommes pas entièrement honnêtes, mais puisque nous ne blessons personne et que nous nous en tirons bien comme cela, après tout, où est le mal ? Pourtant, c’est cette façon de penser qui a peut-être les conséquences spirituelles les plus graves. Peut-être les torts ne sont flagrants pour personne et passent inaperçus, pourtant la malhonnêteté a des répercussions dans notre esprit. Même si nous n’en sommes pas vraiment conscients, même si cela ne nous empêche pas de dormir la nuit, agir sous l’emprise d’un défaut, alors que nous avons la capacité de ne pas le faire, porte atteinte à notre croissance spirituelle. Si nous continuons d’agir de cette manière, nous finissons par paralyser notre croissance spirituelle.

Est-ce qu’à présent, je consens à ce que mes défauts soient éliminés ? Sinon, pourquoi ne pas le faire ?

Au fond, je consens pleinement à ce que mes défauts soient éliminés. Dans les faits cela reste cependant plus épineux. En travaillant la sixième étape, je prends conscience que je n’ai plus tant besoin de ces défauts de caractère dont je me suis affublé pour faire face aux situations du passé. Pourtant, je découvre aussi qu’ils structurent et façonnent la personne que je suis. Éliminer mes défauts sera donc d’abord et avant tout accepter de changer même si je garde bien chevillé au corps cette bonne vieille résistance aux changements. Juste pour aujourd’hui, je crois que je peux pleinement consentir à ce que Dieu élimine tous mes défauts de caractère. J’accepte de laisser grandir, un jour à la fois, la transformation à l’œuvre.

Qu’ai-je fait aujourd’hui pour démontrer ma bonne volonté ?

Très globalement je démontre ma bonne volonté en demeurant inscrit dans mon rétablissement. Je suis par exemple allé en réunion aujourd’hui. Mon rétablissement a commencé par une première réunion et se poursuivra par la réunion suivante. Je renouvelle ainsi chaque fois mon engagement à me rétablir. Que je sois actif ou passif dans ce rendez-vous avec moi-même et les autres dépendants, je laisse agir un jour à la fois mon programme en 12 étapes. Tant que je resterai inscrit dans cette dynamique je démontrerai d’une manière générale ma bonne volonté.

Plus particulièrement concernant mes défauts de caractère, je tente de les apaiser. Non pas par une volonté déchainé mais bien par un consentement et une adhésion au changement. Les avoir désigné et partagé durant le travail de cette sixième étape m’a donné un cadre, une feuille de route. Par exemple, je veille à ne pas m’isoler en entretenant mes liens affectifs ou bien j’incarne davantage ma vie plutôt que m’abandonner à l’abstraction.

La mesure de bonne volonté que nous devons apporter dans cette étape requiert une égale mesure de foi et de confiance. Nous devons croire qu’une puissance supérieure va se mettre à œuvrer dans notre vie, exactement là où il le faut. Pour prolonger l’exemple du manque d’honnêteté, nous devons croire que notre puissance supérieure ne va pas éliminer en nous ce défaut au point de faire de nous des monstres par la brutalité de notre honnêteté, incapables de nous taire même si nous savons que la vérité risque de blesser. Aussi longtemps que nous faisons place à Dieu et le laissons œuvrer dans notre vie, nous atteignons le degré exact de croissance spirituelle dont nous avons besoin.

La peur de ce que je vais devenir se fait-elle encore sentir ? A-t-elle diminué depuis que j’ai commencé à travailler cette étape ?

Au fond, j’ai toute confiance dans mon cheminement de rétablissement. Pourtant, rompre avec des comportements familiers, même nuisibles et destructeurs, peut faire surgir de temps à autre des peurs. Ces tensions, liées notamment à la résistance aux changements, sont tout à fait naturelles et peuvent être simplement dépassées. L’être en devenir que je suis peut simplement s’accueillir en toute confiance. J’avais déjà pris conscience de ce qui est à l’œuvre même si le travail de la sixième étape me démontre clairement que je n’ai plus besoin de résister au changement. Je peux librement m’abandonner à ma Puissance supérieure, à moi-même et à la vie.

En travaillant cette étape, que fais-je pour accroître ma confiance en Dieu tel que je le conçois ?

Dans cette étape, je consens pleinement à ce que Dieu élimine tous mes défauts de caractère. Cela implique que :

  • Je renouvelle mon engagement de me rétablir en poursuivant mon programme de 12 étapes ;
  • Je fais preuve d’humilité en énonçant mes défauts de caractère ;
  • Je lâche prise sur mes défauts de caractère ;
  • J’accepte de changer.

Des mots comme “pleinement” et “tous” ayant une signification prépondérante dans l’intitulé de cette étape, il est aisé de devenir perfectionniste et excessivement critique envers soi-même. Bien que nous devions faire preuve d’une entière bonne volonté, nous ne sommes pas en train de devenir parfaits, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais, et cela nous devons nous en souvenir. Quand nous agissons malgré nous sous l’emprise d’un défaut, nous devons mettre en pratique l’acceptation de soi. Nous devons accepter le fait que, des accès de laisser aller, nous avons toujours la volonté de changer. Sachant cela, nous renouvelons notre engagement envers notre propre désir de changer. Pour aujourd’hui, nous avons progressé exactement comme il se devait, et d’ailleurs, si nous étions parfaits, nous ne ressentirions pas ce besoin de progrès.

Est-ce que je m’accepte aujourd’hui ? Qu’est-ce que j’aime chez moi ? Qu’est-ce qui a changé depuis que je travaille les étapes ?

J’ai découvert dans mon rétablissement que l’acceptation est au cœur du processus du changement. Je n’ai donc pu avancer que parce que j’ai commencé d’accueillir et d’accepter celui que je suis. Je peux affirmer que du chemin a été parcouru même si le voyage se poursuit toujours. Au jour où j’écris ces mots, je crois pouvoir dire que je m’accepte. 

Ce que j’aime le plus chez moi aujourd’hui reste d’avoir trouvé la paix et la sérénité. A vrai dire, je suis heureux d’être enfin sorti du tourment et du désespoir où j’ai grandi et vécu si longtemps.

Ce qui a changé depuis que je travaille les étapes est une meilleure compréhension et acceptation de moi-même.


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