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Quatrième étape : Inventaire (5/10)

Les relations avec les autres

Dans notre quatrième étape, nous devons écrire sur nos relations, toutes nos relations, et non uniquement sur les relations sentimentales, afin d’apercevoir à quel moment nos choix, nos croyances et nos comportements ont engendré des relations malsaines ou destructrices. Nous avons besoin d’examiner les relations que nous avons eues avec nos parents, nos conjoints, nos amis ou anciens amis, les relations que nous avons eues avec nos collègues ou anciens collègues, nos voisins, nos camarades de classe, nos professeurs, les membres de clubs ou d’associations ainsi que les associations elles-mêmes. Il ne faut pas oublier non plus nos relations avec les représentants de l’autorité comme la police, les institutions et, bien entendu, tous les gens qui nous viennent à l’esprit. Nous devons également examiner notre relation avec notre puissance supérieure. Nous pouvons être tentés de laisser de côté les relations qui ont duré très peu de temps, par exemple une aventure sexuelle d’un soir, ou une altercation avec un professeur qui a pu entraîner notre abandon de son cours. Pourtant, ces relations ont autant d’importance. Si nous nous en souvenons ou éprouvons des émotions à leur sujet, nous en faisons matière à inventaire.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 45. à p. 47.
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Quelles sont les aspects conflictuels de ma personnalité qui entraînent des difficultés à maintenir des relations amicales ou sentimentales ?

Ma personnalité n’est pas conflictuelle. Je suis plutôt une personne de compromis. Il peut m’arriver de sortir de mes gonds mais c’est très rare. Il ne m’arrive donc pas de rencontrer des difficultés à maintenir des relations amicales ou sentimentales pour des aspects conflictuels.

En quoi ma peur d’être blessé a-t-elle affecté mes relations amicales et sentimentales ?

Ma peur d’être blessé est réelle. Je vais donc prendre des dispositions préventives. Généralement, je mets une distance aux autres, plus radicalement, je m’isole. Cette distance (isolement) est intérieur et extérieur, c’est à dire que je peux minimiser mes attentes de relations amicales et sentimentales comme je peux les suspendre partiellement ou totalement. Ainsi le résultat de ma peur d’être blessé tendrait à m’isoler.

De quelle façon ai-je sacrifié des relations amicales platoniques pour leur préférer une liaison amoureuse ?

Je n’ai pas sacrifié de relations amicales platoniques pour leur préférer une relation amoureuse.

Par quels moyens ai-je recherché ce type de relation de manière compulsive ?

Je n’ai pas recherché ce type de relation de manière compulsive.

Dans les relations avec ma famille, ai-je parfois senti que nous répétions sans cesse les mêmes schémas de comportement, sans aucun espoir de changement ? Quels sont ces schémas de comportement ? Quelle est ma part de responsabilité à les perpétuer ?

Dans les relations avec ma famille nous répétions de mêmes schémas tels que :

  • Nous nous isolions. Mon père, ma mère et moi vivions en quasi autarcie. Nous recevions ou allions très rarement en famille ou chez des amis. Je n’ai guère de responsabilité dans cette situation que je subissais.
  • Nous nous confinions. Mon père, ma mère et moi ne sortions jamais pour nous balader, nous divertir ou faire une quelconque activité. Je n’ai guère de responsabilité dans cette situation que je subissais.
  • J’étais le bouc-émissaire du trio familial : mon père me maltraitait. Ma mère me négligeait. Je n’ai guère de responsabilité dans cette situation que je subissais.
  • Emmêler et démêler le passé : J’ai souvent eu besoin de revenir sur le passé pour l’éclaircir. J’ai donc souvent fait peser sur ma mère (mon père étant décédé) une forme d’inquisition en espérant sortir du tourment hérité de l’enfance. Face à son déni et son évitement, je devais être oppressant.

Comment ai-je évité l’intimité avec mes amis, mes partenaires ou conjoints et ma famille ?

Généralement, je mets une distance aux autres dans toutes mes relations. Très rares sont ceux qui entrent dans mon cercle intime (voir personne). Je relègue aux cercles secondaires toutes les personnes composant ma vie. Je me dérobe en permanence avec bienveillance et courtoisie. Ce mode de fonctionnement est “ancestral”. Je suis fils unique, isolé dans le triangle familial, négligé, maltraité et j’ai été livré à moi-même depuis toujours. Dans ces conditions, j’ai créé des stratégies de défenses fondées sur la malveillance supposé de mon environnement.
J’ai le sentiment que faire entrer qui que cela soit dans mon intimité reste un danger potentiel. Je m’en passe. J’ai appris à m’en passer. Je n’en souffre pas, plus. C’est mon fonctionnement et je me sens bien structuré comme cela.

Ai-je des difficultés à prendre des engagements ? Décrire.

M’engager n’est pas difficile. Au contraire, c’est une valeur forte pour moi. Mais j’entend par là un engagement matériel, technique, organisationnel… rarement relationnel (ou amical). M’engager amoureusement, familialement, intimement est très difficile, même impossible.

Ai-je déjà détruit une relation parce que j’étais persuadé que de toute façon elle me ferait mal et que, par conséquent, il vaudrait mieux rompre avant que cela se produise ?

Je m’inscris clairement dans ce type de processus. Comme, malgré tout, je peux avoir du mal à rompre par moi-même, je fais en sorte de “pourrir” la situation pour laisser l’initiative à l’autre. Je suis trop attaché à mon système de valeurs vertueuses pour le faire par moi-même…

Quelle importance est-ce que je donne aux sentiments des autres dans mes relations ? Une importance égale, supérieure, inférieure aux miens ? Aucune importance ?

Cette question m’embarrasse. Elle me fait découvrir que je ne donne aucune importance aux sentiments des autres dans mes relations. Je n’en tiens pas compte. Je donne plutôt de l’importance à mon système de valeur, à mon système de représentation générale. C’est à dire que ni mes sentiments, ni ceux de l’autre, ont plus ou moins d’importance. La nécessité fait loi. Pas les sentiments. Ni les miens ni ceux des autres. Je vis dans cette réalité cru, naturelle, sauvage.

Me suis-je senti victime dans certaines de mes relations ? (Note : cette question vise à découvrir comment nous nous posions en victimes ou comment nos attentes trop élevées contribuaient toujours à faire en sorte que nous soyons déçus par les autres. Elle ne consiste pas à dresser une liste des circonstances dans lesquelles nous avons été réellement maltraités). Décrire.

Je me suis rarement senti victime dans mes relations.

Quelles étaient mes relations avec mes voisins ? Ai-je remarqué des schémas de comportement qui se sont répétés dans les divers endroits où j’ai habité ?

Je ne développe pas de relations avec mes voisins. J’entretiens juste courtoisement des rapports de bon voisinage et d’entraide nécessaire. Je n’entre pas dans l’intimité. Je n’ouvre pas ma porte. Je n’invite ni ne répond aux invitations.

Qu’est-ce que je ressens vis-à-vis des gens pour lesquels ou avec qui j’ai travaillé ? Comment ma manière de penser, mes convictions et mes comportements m’ont-ils occasionné des problèmes au travail ?

Les relations hiérarchiques sont souffrantes pour moi. Je ressens généralement avec mes supérieurs de l’aversion et avec mon équipe un besoin excessif d’aider et de sauver. Ne trouvant généralement pas la bonne distance aux autres au travail (quelque soit la position hiérarchique) je pense faire déteindre involontairement des schémas dysfonctionnels familiaux antérieurs. J’ai donc pu avoir d’excessives confrontations avec mes supérieurs hiérarchiques et du mal à manager une équipe en me positionnant trop amicalement. Cette difficulté de positionnement a engendré de grandes difficultés dans mon travail. Je suis devenu depuis indépendant…

Qu’est-ce que je ressens en pensant aux gens avec lesquels je suis allé à l’école (dans mon enfance et actuellement) ? Est-ce que je me sentais inférieur ou supérieur aux autres étudiants ? Est-ce que je faisais tout pour attirer l’attention du professeur ? Est-ce que je respectais les représentants de l’autorité ou est-ce que je me rebellais contre eux ?

Je ne ressens rien de particulier en pensant aux gens avec lesquels j’ai partagé ma scolarité initiale. Ces souvenirs s’inscrivent dans ma mémoire comme un lot ordinaire de bons et de moins bons souvenirs. Je ne me sentais ni inférieur ni supérieur aux autres étudiants. J’étais globalement heureux d’aller à l’école pour échapper à l’ambiance déplorable de la maison. J’ai toujours été un enfant, puis un adolescent, turbulent et agité. Je ne recherchais pas particulièrement l’attention du professeur mais bien celle de l’assistance. Je me faisais remarquer en faisant le clown, en étant insolent et en provoquant l’autorité. Je défias régulièrement les représentants de l’autorité en me rebellant contre eux.

Je ressens davantage de joie en pensant au gens avec lesquels j’ai partagé ma reprise d’étude. Cette seconde chance que je me donnais dans la trentaine prenait tout son sens. Je ne me suis senti ni inférieur ni supérieur aux autres étudiants même si je n’en menais pas large au début de mon école d’ingénieur. Je ne faisais rien en particulier pour attirer l’attention des professeurs. Avec davantage de maturité et d’intérêt, Je respectais cette fois l’institution scolaire et les représentants de l’autorité.

Est-ce que j’ai fait partie de clubs ou d’associations ? (Note : NA est une association). Comment est-ce que je me sentais avec les autres membres du club ou de l’association ? Est-ce que je m’y suis fait des amis ? Me suis-je inscrit à ces clubs avec de très fortes attentes, pour les quitter peu de temps après ? Quelles étaient ces attentes, et pourquoi n’ont-elles pas été comblées ? Quelle était ma part de responsabilité dans ces situations ?

J’ai rarement fait partie de clubs ou d’association (je suis plutôt solitaire). Lorsque cela est arrivé, je m’y sentais relativement bien (même si en générale je ne suis pas à l’aise en groupe). Je maintenais cependant une certaine distance. Je me dévoilais peu. Je me faisais rarement des amis en me suffisant d’un relationnel convenu. Mes attentes étaient généralement satisfaites. Je ne quittais donc pas prématurément ces clubs ou associations. Ce type de comportement est typique de ma personnalité.

Ai-je déjà été interné dans un hôpital psychiatrique, mis en prison ou retenu de diverses manières contre ma volonté ? Quelle conséquence cela a-t-il eu sur ma personnalité ? Comment étaient mes relations avec les autorités ? Est-ce que je respectais les règlements ? Ai-je déjà contrevenu aux règlements et ai-je ensuite éprouvé du ressentiment à l’égard des autorités lorsque je me suis fait prendre ?

J’ai déjà été retenu contre ma volonté en étant placé en garde à vue. L’expérience a été traumatisante. Cela a eu pour conséquence de modifier mon orientation dans la vie. Je me suis recentré sur des activités plus “traditionnelles”. J’ai toujours été en conflit avec l’autorité et à fortiori avec les autorités judiciaires. Je ne reste jamais dans le cadre et transgresse toujours les règlements. J’ai nécessairement nourrit du ressentiment à l’égard des autorités lorsque je me suis fait prendre.

Est-ce que, très tôt, j’ai été blessé dans la confiance et l’intimité au point que ces expériences m’ont incité à me renfermer ? Décrire.

Mes parents sont les personnes qui m’ont le plus blessé (maltraitance, négligence, abus, abandon). Dès lors que la confiance et l’intimité ont toujours été remise en question sur le cercle relationnel le plus intime, la défiance et la mise à distance se sont installées très tôt, sur tous les plans et dans tous les domaines de ma vie. Je n’ai même pas eu à être incité à me renfermer, j’ai toujours été seul et livré à moi-même (enfant unique, bouc émissaire familial).

Est-ce que j’ai déjà rompu une relation alors qu’il était possible de résorber les conflits et de résoudre les problèmes ? Pourquoi ?

Je ne suis pas une personne de rupture mais plutôt de compromis. Je fais donc toujours l’effort de résorber les conflits et de résoudre les problèmes. Par contre, je ne m’entête pas si la situation ne s’améliore pas. Dans une situation de blocage, j’instaure une distance adapté. Je ne romps donc pas une relation (ou dans des cas extrêmes). Rompre une relation, m’opposer ou me quereller à quelqu’un reste une situation douloureuse pour moi. Je l’évite. En définitive je souhaiterais aimé et être aimé.

Est-ce que je changeais de personnalité en fonction des gens qui m’entouraient ? Décrire.

Je ne peux pas dire que je changeais de personnalité en fonction des gens qui m’entouraient. Je peux par contre dire que je m’adaptais aux situations. La nuance est importante. L’adaptation est une qualité nécessaire à la vie là ou le “travestissement social” en est une expression poussée. Livré à moi-même dès le plus jeune âge, j’ai spontanément menti et triché mais j’affirmais une personnalité singulière.

Est-ce que j’ai découvert dans ma personnalité (peut-être dans un précédent inventaire) des attitudes que je n’aimais pas, au point d’en prendre le contre-pied ? (Par exemple : après la découverte d’un schéma de dépendance immature envers les autres, vouloir cacher cet état en devenant indépendant à l’extrême). Décrire.

J’ai régulièrement découvert dans ma personnalité des attitudes que je n’aimais pas. Je n’en ai systématiquement pas pris le contre-pied. Mais cela a pu arriver, je pense par exemple à :

  • ma reprise d’études : ma personnalité révolté m’a fait prématurément quitter l’école. Mon cursus initial a été un échec. Je suis sorti de l’école sans aucun diplôme. Cette réalité a nourri de grandes frustrations. Concrètement parce que les offres du marché du travail étaient peu reluisantes mais plus en profondeur parce que j’avais honte d’être “misérable”. A l’âge de 30 ans j’ai repris mes études. J’ai obtenu l’équivalent du baccalauréat à distance. J’ai suivi des cours du soir afin d’obtenir un DUT à l’université. J’ai enfin réussi à intégrer une grande école et je suis devenu ingénieur à 35 ans. Je forme le bilan aujourd’hui que tout cela a été excessif. En vérité, je ne suis pas devenu ingénieur dans mon fort intérieur (bien que j’ai obtenu ce titre). Je crois pouvoir dire que j’ai échoué par la suite dans ma carrière professionnelle. L’enfant sauvage est toujours vivant. Ce contre-pied tenté sur mon destin n’était pas qu’une solution sage et pérenne.

Je pense avoir cette attitude de prendre le contre-pied lorsque la vie m’impose un revers. J’en reviens pourtant. Prendre le contre-pied manque de nuances et confine en des attitudes trop souvent radicales. La modération est plus sage.

Quels défauts ressortent le plus souvent dans mes rapports avec les gens (malhonnêteté, égoïsme, contrôle, manipulation, etc.) ?

Voici une liste des défauts qui ressortent le plus souvent dans mes rapports avec les gens : introverti, renfermé, secret, solitaire, distant, asocial, insensible, inaccessible, excentrique, impulsif, révolté, sournois, malhonnête, menteur, intéressé, radin, procrastinateur.

Comment puis-je changer mon comportement afin de pouvoir commencer à avoir des relations saines ?

Je n’estime pas avoir des relations malsaines. Je pourrais éventuellement changer mon comportement afin de transformer mes relations. Mais est-ce une attente personnelle ? Je n’en suis pas sûr… Je crois avoir trouvé un accord avec moi-même, les autres et mon environnement. J’ai appris au fil du temps à adapter celui que je suis avec le monde tel qu’il est. Je me sens à ma place.

Ai-je établi une forme de relation avec une puissance supérieure ? Quel changement cela a-t-il apporté dans ma vie ? A présent, quelle sorte de relation ai-je avec ma puissance supérieure ?

J’ai établi assez tôt dans ma vie une forme de relation avec une puissance supérieure. Dès l’enfance, d’une manière très informelle. À l’adolescence, sous forme de quête de sens, de recherche existentielle. Etant livré à moi-même au sein d’une famille athée je n’ai été initié à aucunes philosophies ou religions. Du coup, j’ai glané ici et là des éléments de compréhension qui petit à petit ont confectionné un patchwork, ou une sorte de puzzle, rendant progressivement possible la perception d’une image. Cette relation spirituelle a été très importante dès l’adolescence et le début de ma vie d’adulte. J’ai même été tenté de me consacrer à Dieu. Je pense que cette relation intime structure ma vie depuis toujours en m’apportant paix, confiance et lâcher prise.


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