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Quatrième étape : Inventaire (3/10)

La culpabilité, la honte

En vérité, il existe deux sortes de culpabilité ou de honte : l’une réelle, l’autre imaginaire. La première provient directement de notre conscience. Nous nous sentons coupables parce que nous avons fait quelque chose qui va à l’encontre de nos principes, ou parce que nous avons blessé quelqu’un et en ressentons de la honte. La culpabilité imaginaire résulte d’un certain nombre de situations dont nous ne sommes pas responsables, situations que nous n’avons pas contribué à créer. Nous avons besoin d’examiner notre culpabilité et notre honte afin de faire un tri. Nous devons reconnaître ce qui nous appartient réellement et lâcher prise sur le reste.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 44.
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A propos de qui ou de quoi est-ce que je me sens coupable ou honteux ? Expliquer les situations qui provoquent ces sentiments.

Je me sens coupable et/ou honteux à propos :

  1. De la maltraitance, de l’abus de position dominante, de la négligence et de l’abandon de mon père : mon déni de réalité (être mal-aimé de mes parents) m’a rendu coupable de la situation de maltraitance familiale. Je justifiais ce que je vivais car “les grands” ont toujours raison (acceptation et identification d’être un mauvais fils, un sale gosse, un bon à rien…). J’ai pris conscience d’être une victime tardivement (après 40 ans). C’est mon engagement dans le processus de rétablissement qui m’a ouvert les yeux.
  2. De la négligence, de l’abus de confiance et de l’abandon de ma mère : mon déni de réalité (être mal-aimé de mes parents) m’a rendu coupable de la situation de maltraitance familiale. Je justifiais ce que je vivais car “les grands” ont toujours raison (acceptation et identification d’être un mauvais fils, un sale gosse, un bon à rien…). J’ai pris conscience d’être une victime tardivement (après 40 ans). C’est mon engagement dans le processus de rétablissement qui m’a ouvert les yeux.
  3. D’avoir été mal-aimé par mes parents et livré à moi-même : mon déni de réalité (être mal-aimé de mes parents) m’a rendu coupable de la situation de maltraitance familiale. Je justifiais ce que je vivais car “les grands” ont toujours raison (acceptation et identification d’être un mauvais fils, un sale gosse, un bon à rien…). J’ai pris conscience d’être une victime tardivement (après 40 ans). C’est mon engagement dans le processus de rétablissement qui m’a ouvert les yeux.
  4. Des conséquences chaotiques et désastreuses de mon enfance sur ma vie entière : la maltraitance et la négligence ont conduit à la colère et la révolte, la colère et la révolte ont conduit à l’opposition à toutes formes d’autorités, à l’échec scolaire, à l’errance social et familial, à la dépendance active…
  5. De ma dépendance active : Je me suis senti coupable et honteux des manifestations comme des conséquences de ma dépendance. Que cela soit de l’envie irrépressible de consommer, des états dans lequel je pouvais me mettre comme des conséquences désastreuses dans tous les domaines de ma vie, telles que :
    • physiquement : visage marqué, perte de poids, coups volontaires et involontaires…
    • psychologiquement : instabilité, irritation, catatonie, mensonges, déni, mythomanie…
    • spirituellement : désespoir, néant, nons-sens, vide…
    • ce qui faisait ma vie : famille, couple, travail, argent…
  6. D’avoir dépossédé Carole de ses disques préférés : J’aimais Carole (je crois qu’il y avait de la réciprocité). J’avais 20 ans et je voulais devenir son petit copain. J’ai un jour emprunté quelques uns de ses disques préférés pour les enregistrer. Plus tard, un soir ou j’ai dormi chez elle, je l’ai surprise (sans être vu) en plein câlin avec sa meilleure amie. J’étais effondré et stupide devant la situation. Au petit matin, je n’ai rien dit et je suis rentré blessé chez moi. Je n’ai jamais pu reparaître devant elle. Je n’ai jamais su lui rendre ses disques repoussant toujours au lendemain.
  7. D’avoir abusé d’une position affective dominante vis à vis d’Hélène : D’être aimé d’Hélène plus que je ne l’aimais m’a fait la rendre bourrique plus d’une fois (inconsistance amoureuse, manque de tact dans mes propos, absence à des rendez-vous, mensonges…). Je ne suis pas fier de ce comportement d’adolescent un peu débile. Même si je n’ai pas été un monstre je conserve une culpabilité et une honte à l’égard d’Hélène.
  8. D’avoir bu la cave de vin d’une connaissance : J’ai repris l’appartement d’une connaissance. Il a laissé plusieurs mois des choses à la cave dont une partie de sa cave de vin. Un soir d’ivresse ou je n’avais plus rien à boire et que les magasins étaient fermés, je suis descendu prendre une bouteille. L’opération c’est reproduite une seconde fois, une troisième, et en définitive, j’ai fini par boire petit à petit les dizaines de bouteilles en ma possession. J’ai honte d’avoir cédé à ma dépendance au point de déposséder quelqu’un de quelque chose qu’il m’avait confié et de m’être mis dans une situation financière qui rendait une réparation impossible.
  9. D’avoir encaissé une prestation de service pour un travail que j’avais bâclé. Je ressens une certaine fierté à bien faire mon travail de même que l’on reconnaisse mon honnêteté. Pourtant dans cette situation j’ai trahi mes principes pour répondre à un besoin d’argent.
  10. D’avoir été démissionné du Comité Internet de Narcotiques Anonymes : Après avoir commis une erreur au sein du Comité Internet, j’ai été démissionné par les membres (décision un peu hâtive dans un contexte de conflit de personnalité). Je me suis senti rejeté et honteux au sein de la fraternité durant des mois.

Parmi ces situations, lesquelles ont suscité en moi un sentiment de honte, alors que je n’avais rien fait pour les provoquer ?

Je reprends la notation des situations évoquées à la question précédente (1, 2, 3…) pour répondre à cette question. Si une situation ne trouve pas sa place dans cette question (situation dont je ne suis pas responsable) je la traite à la question suivante (situation de ma responsabilité) :

  1. Bien que j’ai subi cette situation (maltraitance de mon père), elle a suscité en moi un sentiment de honte (et de culpabilité).
  2. Bien que j’ai subi cette situation (négligence de ma mère), elle a suscité en moi un sentiment de honte (et de culpabilité).
  3. Bien que j’ai subi cette situation (de n’être pas inclus dans ma famille mais plutôt livré à moi-même), elle a suscité en moi un sentiment de honte (et de culpabilité).
  4. Cette situation est plus ambigu entre ma responsabilité et ma non responsabilité. Au fond, je ne suis qu’en partie responsable des conséquences chaotiques et désastreuses de mon enfance sur ma vie entière. Je suis à la fois responsable, en tant que parti prenante de ma vie, et victime de l’enchaînement des causes et des effets. Cette situation a cependant bien suscité un sentiment de culpabilité et de honte en moi. 
  5. Même si j’ai reçu ma dépendance en héritage (quel que soit cet héritage : maltraitance, maladie…)et que je pourrais considérer que je n’ai rien fait pour la provoquer, je l’ai également entretenue. Dans ces conditions, je vais plutôt répondre à la question suivante sur cette situation de ma dépendance active.
  6. Sans objet (situation de ma responsabilité traité à la question suivante).
  7. Sans objet (situation de ma responsabilité traité à la question suivante).
  8. Sans objet (situation de ma responsabilité traité à la question suivante).
  9. Sans objet (situation de ma responsabilité traité à la question suivante).
  10. Sans objet (situation de ma responsabilité traité à la question suivante).

Dans les situations où mon rôle était évident, quelle était la motivation ou la façon de penser qui m’amenait à agir ainsi ?

Je reprends la notation (1, 2, 3…) de la question précédente pour répondre à la question selon les situations :

  1. Sans objet (situation pour laquelle je n’ai rien fait pour la provoquer traité à la question précédente)
  2. Sans objet (situation pour laquelle je n’ai rien fait pour la provoquer traité à la question précédente)
  3. Sans objet (situation pour laquelle je n’ai rien fait pour la provoquer traité à la question précédente)
  4. Cette situation est plus ambigu entre ma responsabilité et ma non responsabilité. Au fond, je ne suis qu’en partie responsable des conséquences chaotiques et désastreuses de mon enfance sur ma vie entière. Je suis à la fois responsable, en tant que parti prenante de ma vie, et victime de l’enchaînement des causes et des effets. Le tourment qui m’a habité toute ma vie trouve son origine dans mon enfance. Je m’en dépêtre progressivement depuis que je me rétablis.
  5. Même si j’ai reçu ma dépendance en héritage (quel que soit cet héritage : maltraitance, maladie…), je l’ai également entretenue. Nous avons coutume de dire au sein de nos fraternités que nous ne sommes peut-être pas responsable de notre dépendance mais que nous sommes responsable de notre rétablissement. Dans ces conditions, pourquoi ne me suis-je pas rétabli plus tôt ? Pourquoi a-t-il fallu attendre de toucher mon fond pour envisager la solution ? En définitive, je n’étais pas encore prêt à me débarrasser de mon identité chaotique (rejet de moi-même, des autres et du monde). Elle me constituait et la résistance au changement est puissante. Ensuite, tout simplement parce que je n’avais pas les clés : incompréhension de la maladie, méconnaissance des alternatives… 
  6. Je n’ai pas consciemment voulu nuire à Carole en ne lui rendant pas ses disques. Pourtant, je suis convaincu qu’il s’agit bien de cela. J’ai honte car elle tenait beaucoup à cette collection de disques de Genesis qu’elle avait acquis difficilement. J’ai dû lui causer beaucoup de peine. Nous ne nous sommes jamais revu.
  7. Le mépris que j’affirmais parfois dans ma relation avec Hélène était sans doute un moyen d’apprendre. Je crois que je faisais mes cruelles expériences d’adolescent. Sa soumission et sa docilité exacerbait souvent mon mépris. Je regrette mes actes et je conserve de l’estime pour elle dans mon coeur.
  8. Mon mode de consommation est obsessionnelle et compulsif. J’évitais donc de conserver trop de produits chez moi. Du coup, je n’ai par exemple jamais constituer de bar mais plutôt acheté au coup par coup. C’est ainsi qu’ayant fini mon stock une nuit j’ai pensé au vin de mon ami stocké à la cave. Je m’affirmais à moi-même que je remplacerai la bouteille emprunté le lendemain. De fil en aiguille, je ne faisais rien. J’ai fini par réitérer l’expérience et me faire dépasser par le coût de remplacement (mes finances étaient au plus mal à ce moment là). Je pestais évidemment contre cet ami qui abusait de ma générosité à laisser ses affaires une éternité chez moi. Lorsqu’il est venu les chercher, j’étais mort de honte et de culpabilité. Je n’ai à ce jour toujours pas remplacé les bouteilles…
  9. J’ai de nombreux principes et je les respecte. Ainsi dans le travail, j’aime l’efficacité. Pourtant dans l’adversité, les revers de fortunes et les périodes difficiles, je peux devenir moins scrupuleux. Ainsi après cette mission que je n’avais pas mené au mieux, je me suis empressé d’encaisser la facture et de me débiner. Dans une meilleur position j’aurai trouvé un compromis mais dans le besoin j’ai été peu scrupuleux.
  10. D’avoir omis d’informer le Comité Internet d’une décision que j’avais prise unilatéralement m’a exposé à une sanction. Ainsi de manoeuvrer tout seul pour cacher plutôt que d’apporter collectivement toute la lumière sur mon erreur m’aura coûté cher. J’ai pensé pouvoir manipuler mon monde plutôt que reconnaître une erreur. Il y a sans doute de l’orgueil dans tout ça.

De quelle façon mon comportement a-t-il contribué à ma culpabilité et à ma honte ?

D’une manière générale, ma culpabilité et ma honte s’insinuent chaque fois que mon comportement s’écarte de mes valeurs, de mes attentes ou de l’image que je veux renvoyer aux autres. Cela peut se produire pour de petites choses comme être pris en train de mentir, se moquer de quelqu’un ou être moqué. Cela peut également se produire pour des choses plus profondes comme nourrir par exemple le sentiment d’être différent des autres. Le suicide de mon père durant mon adolescence m’a mis dans cette situation. A partir de ce moment charnière de ma vie mon comportement a grandement changé pour s’établir dans le rejet plutôt que dans l’acceptation (de moi, des autres, de la société). Cette opposition engendrant alors conflit, exclusion et isolement a contribué considérablement à ma culpabilité et ma honte.


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