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Deuxième étape (5/7)

Retour à la raison

Notre ouvrage, « Ça marche : comment et pourquoi », définit ainsi l’expression « retour à la raison » : « changer à un point tel que la dépendance et les comportements insensés ne contrôlent plus notre vie ». De même que la perte du sens de la réalité et de la mesure rendait notre folie plus évidente, de même voyons-nous aujourd’hui renaître en nous la raison, grâce à une nouvelle perception de la réalité qui nous permet de prendre des décisions plus sensées. Nous découvrons que nous avons le choix d’agir. Nous commençons à acquérir la maturité et la sagesse nous permettant de prendre le temps de considérer tous les aspects d’une situation avant d’agir.

Naturellement, notre vie va changer. Nous voyons bien que la raison s’est installée en nous si nous comparons notre période de consommation active avec le début de notre rétablissement, le début de notre rétablissement avec un certain temps d’abstinence, et un certain d’abstinence avec une longue période de rétablissement. Tout cela représente un processus qui, avec le temps, modifie nos exigences vis-à-vis du retour à la raison.

Lorsque nous sommes nouveaux dans le programme, recouvrer la raison signifie ne plus avoir à consommer. Il est alors possible qu’une part de notre folie, liée directement et de toute évidence à la consommation, cesse de se manifester. Nous arrêterons de commettre des délits pour nous procurer de la drogue. Nous cesserons de nous fourrer dans des situations humiliantes dont le seul but est de nous amener à consommer.

Si nous sommes en rétablissement depuis un certain temps, nous n’avons peut-être aucun mal à croire en une puissance supérieure à nous-mêmes qui peut nous aider à demeurer abstinents, mais pour nous, retour à la raison ne signifie peut-être pas autre chose que demeurer abstinents. A mesure que nous grandissons dans le rétablissement, il est très important que la signification que nous donnons au mot « raison » évolue elle aussi.

Extrait de l’ouvrage de Narcotiques Anonymes,
Guides de travail des étapes de Narcotiques Anonymes,
édition 2002, p. 20. à p. 21.
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Quels exemples de raison est-ce que je peux citer ?

Au sens général et dans le contexte qui est le mien dans ce travail, le retour à la raison représente le changement à un point tel que la dépendance et les comportements insensés ne contrôlent plus ma vie. Je peux donc citer comme exemple de raison : la responsabilité, la sociabilité, la productivité

Pour recouvrer la raison, quels sont les changements nécessaires à apporter dans ma façon de penser et dans mon comportement ?

Il a été prioritaire à mon arrivée dans les salles de choisir de vivre. Il s’agissait donc pour moi d’arrêter de me détruire et notamment de consommer. Depuis quelques 24 heures, j’ai été débarrassé de l’obsession de consommer. J’ai adopté un comportement modéré. J’ai mis en oeuvre de nouvelles activités plus saines. J’ai ré-ouvert mon coeur aux principes spirituels. J’essaye de vivre un jour à la fois en ne laissant plus mes émotions m’envahir comme auparavant.

Dans quels domaines de ma vie ai-je aujourd’hui besoin de raison ?

Me libérer de mon passé : L’un des noeuds majeurs de ma vie se trouve dans ma relation familiale, plus spécifiquement, dans ma relation parentale. Je dois aujourd’hui apprendre à vivre loin de mes parents dans l’acceptation de ce que je suis. Il n’a pas toujours été aisé de vivre hors du ressentiment et de l’apitoiement sur moi-même dans cette relation. Même si cela peut paraitre excessif au commun des mortels, je souhaiterais aujourd’hui être totalement indifférent à mes parents, me libérer d’eux et m’étreindre moi-même en toute humilité. Je ne suis pas sûr que le siège du moyen pour atteindre ce but soit la raison mais plutôt la paix et la sérénité engendré par l’acceptation de ce que je suis. J’ai pourtant fondamentalement besoin de raison sur ce sujet.

Être en paix : J’ai sans doute également besoin de raison pour éviter de retourner dans mes classiques ornières. Je pense à toutes ces stratégies mises en place au cour de ma vie pour survivre. J’ai par exemple toujours navigué par gros temps de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à la vie adulte, et la perspective de la sérénité est difficile, troublante, immobilisante. Je crois que j’ai toujours produit (ou reproduit) d’une manière ou d’une autre du tourment dans ma vie. Je suis né dans le tourment, j’ai vécu dans le tourment, je suis apte et armé dans le tourment. Mais ce n’est pas une vie enviable. Aujourd’hui, je veux vivre en paix.

M’incarner : J’ai sans doute également besoin de raison pour parvenir à m’aimer et m’imaginer digne d’être aimé. Je parle rarement de moi. Je parle plutôt en généralité, en philosophe, en sage. Je ne crois pas ne pas être digne d’intérêt, je n’y pense pas. Pourtant j’aime entendre les autres parlé d’eux-mêmes, je trouve cela intéressant pourtant je ne m’imagine même pas le faire. Il serait peut-être temps…

Dans quelle mesure le retour à la raison est-il un processus ?

A l’image des étapes du programme, le retour à la raison est progressif (et pas spontané), il s’inscrit donc dans le temps et peux s’apparenter à un processus de rétablissement. Un jour à la fois.

En quoi le travail des autres étapes m’aidera-t-il à recouvrer la raison ?

Jusque là les promesses que l’on m’a faite au sein de la fraternité on été respecté. J’ai donc laissé grandir en moi un jour à la fois la confiance dans le programme. D’une manière générale, m’inscrire dans le travail régulier des étapes est pour moi gage de rétablissement. Lorsque je suis sur ce chemin je travaille nécessairement à retrouver (ou à trouver) la raison. J’ai admis que la fraternité m’offrait un moyen pour me rétablir. Même si je ne comprends pas ce moyen, je dois accepter de m’y soumettre, c’est une forme de capitulation salutaire.

Jusqu’à présent, dans mon rétablissement, à quel point la raison m’est-elle revenue ?

Une abstinence qui dure : je n’ai plus à faire quelque chose que je ne souhaite plus faire et cela depuis presque 4 ans.

Une sérénité qui s’installe : je goûte chaque jour un peu plus ma paix intérieure.

Un retour du respect et de l’estime de soi : je ne consomme plus, je prends soin de moi (abstinence, arrêt du tabac, exercices physiques, soins), j’adopte la modération dans tous les domaines, je m’en remet à ma PS et ne suis plus dans la toute puissance ou l’impuissance, j’accepte celui que je suis avec bienveillance (traumatismes, indépendance professionnelle,…).

Certains d’entre nous peuvent se créer des attentes complètement irréalistes face au retour à la raison. Ils pensent qu’ils ne connaîtront plus jamais la colère. Ils pensent aussi que, dés qu’ils commenceront à travailler cette étape, leur comportement ne cessera plus d’être parfait, qu’ils ne connaîtront plus de problème d’obsessions, et que le tumulte émotionnel ou le déséquilibre disparaîtra de leur vie. Ce comportement peut sembler extrême, mais si nous sommes déçus par notre croissance personnelle ou par le temps nécessaire pour « recouvrer la raison », ce sont des idées qui peuvent surgir dans notre esprit. Beaucoup d’entre nous découvrent qu’ils acquièrent davantage de sérénité en lâchant prise sur les attentes irréalistes qu’ils peuvent avoir à propos de la progression de leur rétablissement.

Quelles attentes ai-je à propos du retour à la raison ? Ces attentes sont-elles réalistes ou irréalistes ?

Mon attente prioritaire reste d’échapper à la folie de la dépendance active et au désespoir qu’elle engendre. Devenir une personne responsable et satisfaite de son rétablissement est mon attente de chaque jour. J’ai conscience que ce processus de rétablissement sera progressif et qu’il faudra l’inscrire dans la patience, la prudence et la persévérance. Échapper à la folie et au désespoir de la dépendance active pour devenir responsable et satisfait de mon rétablissement me semble ambitieux mais réaliste.

Suis-je ou non réaliste sur la façon dont mon rétablissement progresse ? Est-ce que je comprends que le rétablissement vient avec le temps et non du jour au lendemain ?

Je crois pouvoir dire aujourd’hui (printemps-été 2015) que mon rétablissement progresse de façon réaliste. Ce ne fut sans aucun doute pas toujours le cas. En fait, je ne connaissais rien de la maladie de la dépendance. J’ai appris beaucoup au sein de la Fraternité. J’ai adopté les conseils que l’on m’a prodigué et j’ai pu commencer de construire une abstinence heureuse.

J’ai effectivement compris que le rétablissement viendrait avec le temps, et ce, un jour à la fois.

J’ai compris de nombreuses autres choses, telles que :

  • Pourquoi je trouvais des dépendants avec plusieurs années d’abstinence en réunions ;
  • Pourquoi adopter un parrain ;
  • Pourquoi travailler un programme en 12 étapes ;
  • Pourquoi, pourquoi, pourquoi…

En bref,

JUSTE POUR AUJOURD’HUI … mes pensées se concentreront sur mon rétablissement ; je vivrai et profiterai de la vie sans consommer.
JUSTE POUR AUJOURD’HUI … j’aurai foi en quelqu’un de NA qui croit en moi et veut m’aider à me rétablir.
JUSTE POUR AUJOURD’HUI … j’aurai un programme et j’essaierai de le suivre de mon mieux.
JUSTE POUR AUJOURD’HUI … grâce à NA, j’essaierai d’envisager ma vie sous un jour meilleur.
JUSTE POUR AUJOURD’HUI … je serai sans crainte, mes pensées se concentreront sur mes nouveaux amis, des gens qui ne consomment plus et qui ont trouvé un nouveau mode de vie.

Aussi longtemps que je suivrai cette voie, je n’aurai rien à craindre !

Se retrouver, même une fois seulement, capable d’agir raisonnablement dans une situation qui auparavant me dépassait, est une preuve de raison. En ai-je fait l’expérience dans mon rétablissement ? Préciser ?

Dominer une situation de rechute potentielle : même lorsque l’on se prémuni de se trouver dans une situation de rechute potentielle, tôt ou tard cela se produit. J’ai pu constater, non seulement que le désir de ne pas consommer l’emportait sur le désir de consommer mais également que je savais gérer avec responsabilité ces moments.

Demeurer détaché à l’occasion d’un échange conflictuel : Je me suis surpris à plusieurs reprises à conserver mon calme, de même que la maîtrise d’une situation de tension professionnelle. A aucun moment la colère, la frustration ne m’ont envahi au point de perdre mes moyens et de me pousser à l’envie de consommer.

Savoir relativiser un moment d’anxiété : A l’occasion de moments d’anxiété, j’ai pu me souvenir de conserver de la distance à mes peurs, de les relativiser. Me souvenir du programme, de ma puissance supérieure ma permis de passer l’épreuve et de renforcer la maîtrise de moi-même.


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